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lundi 5 septembre 2011

Pour un tourisme culturel en Martinique (1/2)

En écho aux dernières interrogations suscitées par les débats sur le tourisme lors des "J.O.M.D." de 2011, de la toute récente réforme du tourisme martiniquais adopté en Juillet dernier (on y reviendra) ou encore de sites spécialisés  Veille tourisme Martinique, une question demeure : quel positionnement touristique pour la Martinique ?

La Martinique attire grâce à ses atouts naturels exceptionnels et son climat favorable pour les clientèles étrangères européennes et américaines en particulier. Néanmoins à la différence de certaines îles caribéennes comme la "sauvage" Dominique ou la "révolutionnaire" Cuba, l'île n'a jamais su comment renouveler cette image de destination balnéaire. Bien aidée, il est vrai, par une politique touristique qui a souvent manqué d'audace et d'originalité. Le constat on le connaît, une baisse de la fréquentation touristique de près de 40% entre 1995 et 2009 (Direction du Tourisme, 2010), une image dégradée auprès d'une clientèle touristique etc... Sans tomber dans le pessimisme ambiant, il s'agit avec ces quelques lignes de démontrer comment l'île peut très clairement mettre à profit son projet d'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco pour se transformer en une véritable destination touristique culturelle. La première partie de l'article s'intéresse en premier lieu aux éléments qui peuvent justifier le choix du positionnement culturel pour une destination.
 
1. Le tourisme culturel est un modèle touristique en croissance
  • Le voyage culturel et patrimonial représente 40% du tourisme international en 2007 contre 37% en 1995 (OCDE, 2009)
  • La proportion de touristes ayant une motivation culturelle spécifique durant leur voyage est passé de 17% en 1997 à 31% en 2007 (Atlas Culturel Research, 2007)
  • La part de la Culture dans les premières économies mondiales oscillent entre 3 et 6% (OCDE, 2007)
  • Le potentiel du tourisme culturel semble de plus en plus compris par les destinations caribéennes puisque Santo Domingo a été élue capitale culturelle des Amériques en 2010. Cuba a mis en place un parcours de tourisme culturel avec l'Argentine et la Bolivie appelé "les chemins du Che" en 2009. Barbade utilise son "Crop Over" pour faire de la promotion touristique en Chine etc...

2. Le patrimoine mondial est un outil marketing pour les territoires
  • L'inscription au patrimoine mondial renforce la notoriété des territoires touristiques 

Dans la mesure où les territoires ne se concurrencent pas seulement sur les prix mais aussi sur l'image qu'ils renvoient dans l'imaginaire touristique, l'Unesco offre un coup de projecteur sans équivalent par rapport à une campagne de promotion traditionnelle.
Prenons l'exemple de la région de Lavaux en Suisse. Classée en 2007, après un investissement massif dans les infrastructures culturelles, la région s'est très vite transformée en un espace touristique vitivinicole grâce à la prise de conscience des acteurs du potentiel de la distinction Unesco (Courvoisier, Aguillaume, 2008).
  • L'inscription augmente la fréquentation touristique des territoires.   
On parle alors de "l'effet Unesco", soit ce phénomène qui voit un site augmenté sa fréquentation touristique après avoir intégré la pretsigieuse liste du patrimoine mondial.  Les exemples sont nombreux, en France (avec Bordeaux +7% à n+1 et +14% à n+2 ) ou dans la Caraïbes (avec la Dominique +2% à n+1 et +12% à n+2). Néanmoins, l'exception confirme toujours la règle et si une politique touristique pertinente n'est pas menée, les conséquences peuvent être nulles (Sainte-Lucie +0% à n+1).
  • L'inscription renforce le positionnement culturel d'une destination
De nombreux pays qui se veulent des destinations culturelles ou qui sont perçus en tant que tel, font sans cesse appel au patrimoine mondial pour se faire distinguer. C'est le cas de la France avec ses 37 sites inscrits  ou plus près avec Cuba et ses 9 sites inscrits.


Le tourisme culturel est l'un des plus importants segments du tourisme international et connaît depuis plusieurs années une croissance continue. Qu'il s'intéresse aux Hommes ou aux pierres, il est pour de nombreuses destinations un rempart contre la banalisation et la délocalisation de leur clientèle. Si la Martinique veut se démarquer de ses concurrentes caribéennes et éviter de tomber dans le piège de la comparaison par les prix, elle doit mettre en place un certain nombre d'actions à la fois sur son offre de produits culturels, mais aussi sur la formation des professionnels. A voir dans la seconde partie de l'article "nous aimons bien les touristes mais nous préférons les voyageurs" (Chamoiseau)


2 commentaires:

  1. En attendant la suite mais est-ce qu'on est sur que les touristes viendront vraiment pour la culture alors qu'ils y ont accès zilleurs plus facilement ? Quand ici ils viennent surtout poir la plage, le soleil etc...?

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  2. Il faut comprendre le positionnement culturel comme une stratégie de diversification de l'offre. On le verra dans la deuxième partie de l'article d'ailleurs. On ne devrait pas croire que la culture serait la solution miracle pour une sortie de crise ou se persuader qu'on n'attira des visiteurs juste pour notre patrimoine. Néanmoins, avant d'arriver à transformer le regard, il faut transformer les mentalités d'où le besoin de créer des territoires en espaces de création artistique et culturelle. Je vous invite à lire la seconde partie de l'article pour en reparler ;-)

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