Rechercher sur le blog

samedi 10 septembre 2011

Pour un tourisme culturel en Martinique (2/2)

"Nous aimons bien les touristes mais nous préférons les voyageurs"


[ Fait suite à " Pour un tourisme culturel en Martinique 1/2 ]

Ce mythe du voyageur à la recherche de l'identité culturelle d'un pays amène à réfléchir sur le profil des visiteurs en Martinique. A la fois clientèle majoritaire (80.3% en 2010, source : C.T.O.) et la moins intéressée par les activités culturelles (17.5% en 2010, source : C.M.T.), la clientèle française qui se rend en Martinique n'a pas identifié le territoire en tant que destination culturelle. Pour transformer l'île et se positionner sur le segment culturel,  il faut s'appuyer sur des produits culturels à forte valeur ajoutée, une collaboration entre acteurs et la transformation des territoires et des imaginaires. Je m'en explique brièvement :

      1. L'identification de locomotives culturelles

Je m'appuie ici sur les recommandations du sociologue martiniquais, M. Hector Elizabeth, qui considère qu'il faille suivre une méthodologie en deux étapes, à savoir l'identification du gisement culturel et la "thématisation" de ce dernier à partir "d'un lieu, d'un territoire, d'une pratique ou d'un concept". Jean Michel TOBELEM parle de projets culturels possédant une forte attractivité (par sa nouveauté, son positionnement, son originalité, sa singularité) et exerçant un effet sur son environnement et sur la dynamique du développement local. Le sociologue Hector Elizabeth identifie deux locomotives culturelles qui pourraient être un ensemble de personnalités dont l'aura international bénéficieraient à l'île (Césaire, Glissant, Fanon,  De Beauharnais). Quant au second, s'appuyer sur les éléments remarquables du territoire (Montagne Pelée, Rocher du Diamant, Tour des Yoles) qui seraient d'ailleurs mis en valeur plus facilement grâce à leur inscription sur les listes Unesco. Je rajouterais pour ma part, la gastronomie. L'influence que peut avoir la gastronomie dans une stratégie de développement touristique n'est pas à négliger, particulièrement si l'on souhaite s'inscrire dans une dynamique de différenciation avec les autres îles caribéennes (j'y reviendrais dans un prochain billet).

     2. La nécessaire collaboration entre acteurs

Il faut bien comprendre qu'une stratégie touristique fait partie d'un projet de développement territorial, et pour assurer sa réussite, ce projet doit être porté par l'ensemble des acteurs locaux (population, professionnels, institutions) et les touristes eux-mêmes, puisqu'on s'adresse à eux plus particulièrement. Pourquoi ce besoin de faire collaborer des acteurs ? Parce que les professionnels de la culture et du tourisme ont trop souvent des logiques et des objectifs différents. A l’irrationalité culturelle française s'oppose le mercantilisme touristique. Pour assurer un positionnement culturel, le changement ne doit pas s'opérer sur la seule offre de produits et services mais aussi sur la façon de travailler des professionnels. La Martinique doit se doter en professionnels de la culture et du tourisme capable de trouver un juste équilibre entre pédagogie (autodidaxie des visiteurs) et marketing (recrutement, fidélisation, satisfaction...des visiteurs).

     3. Transformer les territoires et les imaginaires

Enfin, pour que l'île devienne une destination culturelle encore faut-il qu'elle soit le reflet d'une effervescence culturelle retrouvée et d'une attractivité certaine auprès des populations locales. Passer par la Culture pour développer un territoire est d'autant plus pertinent que cette dernière dispose de ressources localisées ((patrimoine, équipements, savoir-faire...). L'investissement massif dans les activités culturelles s'est souvent faite parce que les pouvoirs publiques ont considéré qu'elles auraient un impact sur la vitalité économique et sociale des lieux par le renforcement de leur attractivité (migration d'entreprises, de populations, d'institutions...).On parle souvent de "l'effet Guggenheim" pour illustrer cette réussite culturelle puisque depuis sa création, le musée a contribué à la création d'un secteur touristique jusqu'alors inexistant, qui a fait de l'Euskadi la 2ème région la plus riche d'Espagne par exemple. Cette transformation des territoires ne pourra être totalement réussie que si les populations locales retrouvent l'envie d'investir dans des lieux jusqu'alors délaissés, je pense ici aux territoires du Nord de la Martinique concerné par le projet d'aménagement Grand Saint-Pierre.

La transformation de la Martinique en tant que destination touristique culturelle passe par un développement endogène et durable, tandis que les projets de développement touristique devront s’adresser en premier lieu, aux premiers acteurs touristiques de l’île…les martiniquais eux-mêmes !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Enrichissez cet article de vos propres réflexions

Vous aimerez peut-être

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...