Rechercher sur le blog

mardi 31 janvier 2012

Promotion touristique, donnez la parole aux internautes ! L'exemple de Tourisme Montreal

Campagne Pub de Tourisme Montréal
Les petites destinations touristiques ont cette chance de ne pas disposer d'assez de moyens financiers pour communiquer massivement via les médias traditionnels. Malheureusement, dès lors qu'ils s'intéressent aux médias sociaux, ils reproduisent un modèle de communication dépassé qu'ils appliquent sur leurs comptes Facebook ou Twitter pour ne citer que les plus connus. La diffusion de l'information se fait verticalement et il est souvent difficile pour ces territoires de capter l'intérêt de leurs "fans" sur le long terme, une tendance qui se renforcerait si l'on en croit le blog du modérateur qui annonce que les statuts des pages Facebook ne toucheraient plus que 17% des fans de la page.
Bien qu'il n'existe pas de solution de communication miracle, on peut penser qu'en laissant d'avantage la communication touristique aux internautes, fans, abonnés, anciens/futurs visiteurs, habitants etc...  les administrations touristiques rentreraient enfin dans l'ère du Web 2.0. Ces territoires ont la chance de pouvoir s'appuyer sur des réseaux d'ambassadeurs naturels, qui sont souvent fiers de pouvoir promouvoir une ville avec laquelle ils partagent une histoire très personnelle voir intime.  Dès lors, si les Organisations de Gestion de Destination (aussi appelé Destination Management Organisation) cherchent à investir les réseaux sociaux, pourquoi ne s'adaptent-elles pas aux codes du web social en "lâchant prise" comme le dit si bien Emanuelle Legault, vice-présidente Marketing chez Tourism Montréal. Chaque semaine un article à paraître sur le sujet et mieux s'inspirer de projets innovants et pas toujours difficile à mettre en oeuvre. Parce qu'il est encore temps d'agir...

Montréal et ses "Insiders"

Après avoir décidé de consacrer 100% de son budget communication au Net en 2009 (j'en parlais déjà sur Twitter) Tourism Montreal, organisme chargé de la promotion touristique de la ville, a décidé de donner la parole à 5 blogueurs afin d'alimenter une plateforme dédiée à la découverte de Montréal de façon plus authentique que les messages corporate qu'ils avaient l'habitude de diffuser. 5 thèmes ont d'ailleurs été retenus : Nightlife, gais et lesbiennes, Arts et culture, sorties de filles et vie épicurienne. Des résultats positifs puisqu'après un an, le site Internet a connu une augmentation de +18% de visiteurs uniques et +21% de clics.

Une idée intéressante pour trois raisons : 

  • Le territoire décide de "contrôler" son image extérieur, sa e-réputation en quelque sorte et un des slogans est "let it go". En d'autres termes, l'office de tourisme accepte de ne pas diffuser de simples messages Corporate et laisse les internautes les surprendre, en acceptant, parfois et parce que le jeu en vaut la chandelle, les fautes de mauvais goût.
  • Le choix des blogueurs n'est pas un hasard puisqu'il correspond à l'image que Montréal a envie de diffuser à l'extérieur, soit "une ville vivante, passionnée, effervescente et riche tant culturellement que gastronomiquement". 
  • 20% du budget communication a servi à 80% du travail réalisé par l'équipe Marketing. Le web social ne demande pas forcément beaucoup d'argent mais de bonne idées et du travail sur le long terme. "Ce  n'est pas un sprint mais un marathon" dit Emanuelle Legault pour se différencier du travail réalisé au quotidien par ses équipes avec les campagnes de bannières web.

Si vous souhaitez tout savoir sur cette expérience unique, revivez la présentation du projet avec les acteurs concernés sur cette vidéo.

vendredi 20 janvier 2012

Et si vous étiez le CM de la Martinique pour une semaine ?

La Suède a lancé une initiative fort originale en permettant à un citoyen d'animer le compte Twitter de la destination pendant une semaine par le biais d'un projet appelé : curators of Sweden. Les Suédois partent du principe que dans un monde de communication de masse, la notoriété d'un territoire dépend de la perception qu'on s'en fait à l'étranger, particulièrement dans le monde du tourisme. Ils ont choisi la plateforme de micro-blogging pour des raisons simples :

  • Sa capacité à atteindre un large public en temps réel
  • Sa capacité à mettre à jour et partager des informations
  • Sa capacité à pouvoir engager facilement des discussions
En d'autres termes, le compte @Sweden sert de caisse de résonnance à un citoyen suédois, durant une semaine complète, qui prend la main sans restriction et peut ainsi diffuser ses idées, ses coups de coeur, ses petits moments privilégiés par rapport au territoire. Bien évidemment le projet souffre de certains écueils, comme l'inégale qualité des tweets des "curators of Sweden" d'où une phase de recrutement et un objectif à bien déterminer. Néanmoins, les administrations publiques doivent comprendre que déléguer c'est aussi prendre le risque de ne pas pouvoir tout contrôler. On peut se demander si réellement les nouveaux followers de @Sweden vont forcément choisir la destination comme lieu de vacances ? C'est encore à prouver..La réponse dans quelques mois, en attendant...

Si vous deveniez le nouveau community manager de @Martinique, vous twitteriez quoi ?

samedi 14 janvier 2012

Martinique-Fiction : Plénière du Conseil communautaire de Décembre 2017





« Bonda mwen sé ta mwen, 
Bonda mwen sé pa ta Yo »

Se rappelant au bon souvenir de la grogne sociale qui avait paralysée la Martinique en 2009, les responsables politiques de l’opposition régionale ont repris à leur compte ce fameux chant révolutionnaire en pleine plénière du Conseil communautaire, qui avait jadis, fait trembler les grilles blindées de la classe dirigeante antillaise.
Pour la première fois en Martinique, l’ensemble des groupes politiques de l’opposition, s’étaient ralliés à la décision patriote… Enfin presque, Yan Monplaisir, dont la victoire aux dernières élections lui a été accordée jusqu’à preuve du contraire, a préféré s'éclipser, se rappelant qu’il avait bien failli s’exiler à Sainte-Lucie en cette période troublée. Tandis que Miguel Laventure, dont le mandat s’éternise, ne souhaitait pas être associé à une opération de « politique politicienne » menée par des gauchistes indépendantistes de surcroît.
Souvenez-vous pourtant, il y a quelques années déjà, la Présidente du Comité Martiniquais du Tourisme, Karine Roy Camille, ambitionnait le million de visiteurs sur l’île d’ici 2020. Alors que les premiers chiffres dévoilées par l'INSEE pour l’année 2017 ne laissent présager cet exploit,  la Présidente, toujours en poste, du CMT, dévoile devant le Conseil sa nouvelle stratégie touristique pour l’île. Il s’agit selon elle « d’améliorer la compétitivité du territoire » et « d’affirmer sa différence face aux concurrentes caribéennes ». Foutaises ! lui rétorque un Daniel Marie Sainte survolté. Alfred s’en étant retourné sur ses terres Pilotines, c’est Daniel qui avait pris la relève et sa gouaille était encore plus terrible qu’à l’accoutumée. « Nous devons faire de la Martinique une destination Gay-Friendly si nous voulons rester compétitifs sur le marché mondial » s’emportait en plénière et dans un boucan intempestif, Karine Roy-Camille à son pupitre. 
Une idée pour le moins originale et peut-être salvatrice pour l’économie locale, mais que déjà,  les partis de l’opposition régionale ont bien du mal à avaler !

mardi 10 janvier 2012

#FreeMobile va-t-il booster le m-tourisme aux Antilles ?

Free Mobile casse les prix 
Dans un billet précédent : les 10 raisons de développer le m-tourisme aux Antilles-Guyane, je vous parlais de l'impérieuse nécessité pour les administrations touristiques insulaires de se consacrer au développement du m-tourisme telle qu'on le définit encore chez les institutionnels. Pour les moins initiés, un petit rappel s'impose : Par m-tourisme il faut comprendre, l'ensemble des activités du secteur touristique sur internet et accessibles aux clientèles à travers leur téléphone (ou smartphone pour les digital immigrant).

Si l'utilisation des Smartphones en France et en Europe, n'a pas atteint les niveaux des Etats-Unis ( 20% de mobinautes en France contre 30% aux Etats-Unis en 2011) le dynamisme de ce secteur de marché reste une source de diffusion encore inexploitée par les entreprises touristiques aux Antilles. Avec un taux de pénétration de 148% en Guadeloupe par exemple, le téléphone mobile reste clairement le premier média de masse sur ces territoires, loin devant les PC et les tablettes tactiles. Je ne m'avancerais pas sur leur positionnement face aux téléviseurs, puisqu'il n'existe pas de chiffres disponibles pour les Antilles-Guyane et qu'après chaque période festive, l'impression nous est donné qu'un écran LCD devient aussi fragile sur ces territoires, qu'une paire de chaussures achetée chez les "syriens" à Fort-de-France. Néanmoins, le potentiel de vente de ces téléphones intelligents tels qu'on a coutume de les appeler, représente un marché de plusieurs millions de personnes rien qu'en France. Déjà en 2010, 31% des touristes français déclaraient partir en vacances avec leur smartphone. 20% des Français qui préparaient leur séjour sur Internet ont complété leurs recherches avec leur téléphone. Désormais la mention "WIFI inclus" est un critère discriminant dans le choix du lieu d'hébergement. Si l'arrivée de Free Mobile devrait assurément démocratiser l'accès à Internet via son téléphone, on peut se demander ce que vont devenir nos bons vieux Offices de tourisme demain ? Seront-ils eux aussi, comme SFR ou Bouygues Télécom condamnés à disparaître face à cette vague de touristonautes, hyper connectés et plus du tout en recherche systématique de contacts physiques. La tendance qui voit la fréquentation physique des offices de tourisme diminuer d'années en années, doit elle les pousser à laisser leur place à un serveur virtuel où des conseillers répondront aux questions des visiteurs de jour ou de nuit ? 

Pour éviter de disparaître, les Offices de tourisme devront d'ores et déjà intégrer les TIC dans leur stratégie de promotion pour tenter de capter ces nouvelles clientèles. Néanmoins, l'innovation ne doit pas rimer pas avec de simples nouveaux outils. Si l'intégration des smartphones dans les stratégies marketing des structures touristiques des îles doit se faire, elle doit également composer avec de vrais contraintes (couverture numérique, débit internet, consommations nouvelles...) et pas simplement reproduire des projets qui ont réussi ailleurs. Prenons le simple exemple de Bisacarosse en Gironde et son Office de Tourisme qualifié "d'office de tourisme du futur" pour la France. Aux Antilles, certains devront se poser des questions simples : Pourquoi le mobile et pas la tablette ? Pourquoi des applications et pas des vidéos à télécharger ? Une première initiative privée a vu le jour qui semble avoir bien compris l'intérêt de l'internet mobile et surtout du tourisme mobile sur nos territoires, à savoir Boodoom, premier guide multimédia sur la Martinique. Il est original de constater qu'aux Antilles, c'est désormais au secteur privé de combler une carence des pouvoirs publics.

Parce qu'innovation, outils et stratégie ne sont pas interchangeables, si demain #FreeMobile débarquait aux Antilles, espérons que nos matières grises auront déjà pris le taureau par les cornes !

dimanche 8 janvier 2012

Top 3 des meilleurs détournements de l'homme nu de la Redoute par les marques : #badbuzz

On s'en faisait déjà l'écho il y a quelques mois avec la vidéo d'une cliente de l'hôtel Mercure en Martinique, passablement énervée face à la qualité du service de restauration (retrouver l'article ici et la vidéo ici). Un service qui était à cette époque en grève suite à des licenciements à tour de bras opérés par sa Direction. Ce qui nous intéresse ici, est plutôt lié à un sujet d'actualité plus récent qui a agité la Toile cette dernière semaine puisqu'il s'agit de "l'Homme nu de La Redoute". Bien qu'il ne concerne pas le tourisme, ce mini-évènement serait susceptible de toucher n'importe quelle destination touristique qui ferait sa publicité en ligne par le biais de prises de vue, partiellement vérifiées. Imaginer un instant la Guadeloupe vendre ses plages merveilleuses avec en arrière-plan une cliché quelque peu compromettant. 

Voila un Buzz facilement gagné, mais plus difficile à maîtriser, et c'est ce qui se passe pour la Redoute, où à l'heure de l’instantanéité, même ses plus proches concurrents ne se sont pas fait prier pour les égratigner. Pour régler le problème, le Community Manager de la marque a choisi de supprimer les commentaires incriminant sur la page Facebook de la Redoute et s'est excusé platement de ce cliché qui pourrait "heurter la sensibilité des internautes". Supprimer les commentaires des consommateurs est un jeu dangereux pour une marque puisque souvent considéré comme de la censure et de moins en moins admis à l'heure de l'Internet d'opinion. Selon Olivier Sédille au Nouvel Obs, la marque a surtout souhaité éviter des ennuis judiciaires supplémentaires envers l'Homme nu. On peut dire que ce remue-ménage n'aura finalement pas de conséquences très graves pour la Redoute. Bien que certains prédisent que sa clientèle familiale a pu être rebutée par le cliché, la plupart des clients ont compris qu'il s'agissait d'une erreur malencontreuse et, au final, peu sont ceux qui lui en tiendront véritablement rigueur. Auprès d'une clientèle plus jeune, et plus connectée, ce mini-scandale aura eu le mérite de les faire rire. L'erreur est humaine et en comettant une, la Redoute a finalement montré un visage plutôt sympathique, ce qui n'est jamais néfaste pour une entreprise aussi importante. Est-ce pour autant qu'on devrait être à la recherche du Buzz ?

Voici selon moi, le Top 3 des meilleurs détournements réalisés par des marques face au Buzz créé à son insu par la Redoute... en attendant vos propositions !

#1 : Tipp-Ex profite du Buzz d'une façon plutôt élégante et amusante

Tipp-Ex profite du Buzz 

#2 : Les 3 suisses ne se font pas prier pour mettre en valeur leurs propres produits


Les 3 suisses font une promo maillot de bain


#3 : Le Club-Med en profite également pour enfoncer le clou
Publicité du Club Med 

#4 Bonus : Elle est cadeau celle-ci et nous vient d'Orangina

Orangina et son ours rebondissent sur le Buzz


vendredi 6 janvier 2012

Caribbean Tourism News

Saint Vincent and the Grenadines in the CNN World's Top destinations 2012
Vue aérienne de Saint-Vincent
Chaque année la chaîne international américaine diffuse un classement de ce quelles considèrent comme les 10 meilleures destinations de la planète. Ce classement, totalement subjectif, a tout de même le mérite d'exister. Pour autant, quand les journalistes de CNN vous recommandent de vous rendre dans les Grenadines plutôt qu'en Guadeloupe ou à Sainte-Lucie, de vous rendre en Angleterre plutôt qu'en France, il y a de quoi être satisfait tout de même. Woulo Vincent ! L'actu ici

Barbados looking for Canadian tourist boost
La Barbade veut attirer plus de Canadiens
Les responsables touristiques Barbadiens espèrent avec l'arrivée du nouveau tour-opérateur canadien "Transat Holidays" que 3000 nouveaux touristes canadiens débarqueront sur l'île d'ici les 4 prochains mois. Cette arrivée conclue une politique active envers la population canadienne. L'île espère renouer avec ses statistiques des années 1970 et 1980 où le Canada était le marché principal de la Barbade.

Martinique : Jardin de Balata
Chris Roberts est journaliste au Caribbean News Now et se lance dans une description facile et quelque peu simpliste de la Martinique comme étant la France mais sans le froid. Pour autant, l'auteur se focalise sur les spots les plus courus par les touristes en cette fin d'année, à savoir l'hôtel Bakoua aux Trois-Ilets, ancienne maison coloniale devenu hôtel de haut de gamme. Un focus est notamment effectué plus en détail sur le "seul hôtel 5 étoiles de l'île" à savoir le Cap Est Resort and Spa au François, appartenant au groupe Relais et Châteaux, ce "qui prouve la qualité du produit hôtelier sur l'île" selon Muriel Wiltord-Latamie, Directrice du pôle Amérique du Comité Martiniquais du tourisme.

More News about Caribbean Tourism on Caribbean360.com and Caribbean News Now

lundi 2 janvier 2012

3 Questions à Patrick Chamoiseau : Grand Saint Pierre, Tourisme, Martinique

Directeur des projets Grand Saint-Pierre et Embellie des Trois-Ilets en Martinique, Patrick Chamoiseau me racontait il n'y a pas si longtemps son ambition pour ces deux projets d'aménagement. L'occasion pour l'écrivain de nous livrer sa vision sans concession du tourisme tel qu'il devrait se développer aux Antilles-Guyane.
Fwitourism.blogspot.com vous en livre un extrait.

« Le problème qui se pose c’est que les visiteurs ne nous ont pas identifiés en tant que destination culturelle »

Kery RABATHALY : Pouvez-vous nous présenter en quelques mots les objectifs des projets « Grand Saint Pierre » et « Embellie des Trois îlets » ?

Patrick CHAMOISEAU : Il s’agit de créer deux grandes zones d’attractivité régionale, c'est-à-dire qu’en partant des réalités historiques,mémorielles,géographiques, culturelles et environnementales de Saint Pierre et des Trois-Ilets, tenter de faire de ces lieux des espaces de développement économique, social, culturel, touristique etc.. L’intérêt de créer deux grandes zones, c’est que ça permet de compenser l’hypertrophie du centre Lamentin/Fort-de-France/Schoelcher qui a tendance à absorber tous les équipements culturels et pratiquement toute la vie culturelle et artistique de la Martinique et qui laisse autour de lui une sorte de quasi-désert culturelle dans l’ensemble du pays. Ces deux zones doivent à terme devenir tout naturellement des moteurs de développement économique et sociale du territoire mais plus globalement des éléments d’attractivité du territoire. 

Je ne crois pas que la Martinique ait une vocation touristique, les pays n’ont pas de vocation touristique, les peuples n’ont pas de vocation touristique, les peuples ont une vocation à la relation, à se connaitre, à se rencontrer, à découvrir leur richesse, leur trésor, leur vision du monde, à créer des sociétés multi composites. C’est ça le grand mouvement du monde…et c’est dans cette mouvance que nous devons nous inscrire, dans un processus relationnel, un processus d’attractivité, de vitalité culturelle. Attirer des visiteurs et attirer des voyageurs de toute nature, de toutes sortes et bien sur l’idée est de réanimer ce que nous avons perdu c'est-à-dire le voyage. 

K.R. : Relancer l’attractivité de Saint Pierre, c’est aussi relancer l’attractivité touristique, vous en avez parlé avec la création d’un terminal de croisière au sein de l’espace Nord-Caraïbes, est-ce que selon vous le développement touristique doit il s’inspirer de ce qui se fait à la Dominique avec le tourisme vert, ou de Sainte Lucie et Barbade avec un tourisme balnéaire et de masse ou simplement se spécialiser dans l’aspect culturel ?

P.C. : Je pense que le seul moyen d’échapper au dessèchement à l’heure du tourisme industriel et de son idéologie est de parvenir à un éclat culturel. Cuba est une destination économique et touristique importante tout simplement parce que du point de vue historique et culturelle, Cuba a une très forte visibilité alors que nous on en a pas. Entrer en relation véritable avec les peuples, les cultures, ça c’est exister culturellement, c’est évident. On ne peut pas définir un programme monolithique, c'est-à-dire cibler un tourisme vert, culturel…Je n’aime pas l’idée de mettre le tourisme en premier moi je parle d’attractivité. Quand on voit Saint-Pierre, il est évident qu’on est attiré par sa montagne, la splendeur verte, un écosystème remarquable, en arrière-plan on aperçoit les pitons du Carbet…Il est évident qu’il y a une dimension environnementale et écologique qu’il faut utiliser. Il y a une dynamique à trouver sur la question du vert. L’autre élément est la mer, il y a une dimension maritime et balnéaire indéniable. Il y a aussi la trame urbain qui elle est faite de vestiges, tous ces vestiges doivent représenter des points d’appuis pour mettre en scène la ville nouvelle et c’est là que les artistes vont intervenir pour dessiner le nouveau visage de la ville. On s’aperçoit que les programmes d’attractivité sont donnés par la conformation du lieu, quand les potentialités du lieu sont identifiées.

Concernant le tourisme, ce qu’il faut comprendre c’est de définir une autre intensité d’attractivité. Quand je vais à Saint Pierre et que je vois que tout est vide, quand je monte au Morne-Rouge et que je vais me baigner à l’Anse Céron ou aux abords de la montagne. Quand je vois que tous les martiniquais sont concentrés dans le sud parce que nous sommes victimes de l’imaginaire occidental avec la plage de sable blanc etc… c’est lamentable. Alors qu’il y a tant de splendeurs et de beautés. Il y a donc un travail à faire pour que ces lieux deviennent attractifs pour les martiniquais, il y un travail à faire sur les imaginaires, sur la représentation qu’ils ont de ces lieux. Et ça ce sont des phénomènes intérieurs qui doivent être traités. Ce que j’appelle l’imaginaire intérieur du pays.

K.R. : Comment percevez-vous cette campagne de promotion auprès de la population « nous sommes des bâtisseurs de paradis » lancée par le Comité Martiniquais du Tourisme ?

L’idée d’impliquer la population à la construction de notre bien-être et notre bien-vivre est importante. Le problème est que cette formulation s’inscrit dans les fantasmes et l’idéologie du tourisme industriel qui ont tendance à vouloir que nos pays soient des paradis. Alors les touristes vont pester parce qu’il y a des grèves, parce qu’il y a des coupures de courant, parce qu’il y a un cyclone… alors que nous sommes dans une réalité où la situation économique est difficile, le climat social est tendu, et l’environnement peut s’avérer violent avec des risques de séismes et de cyclones… et ça, si on reste dans l’option du paradis on risque d’effacer le pays sous des modalités artificielles, or il est important que nous jouions la carte de l’authenticité et de la réalité. Vous venez à la rencontre d’une réalité géographique, économique et sociale, et toutes ces réalités font quoi, non pas un paradis mais elles font un pays. On doit sortir de l’idée de paradis et devenir des bâtisseurs de pays.


Césaire disait déjà « nous avons un paysage, il nous faut en faire un pays ».


Vous aimerez peut-être

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...